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SEROTONIN

20/04 - 01/06

Backslash 

LA QUADRATURE ELEMENTAIRE

Jusqua'au 31/05/2024 

A+Architecture, Montpellier 

 

 

 

 

      Réalisés sur des petits formats, des dessins au crayon sur papier précèdent les séries de peintures. Travail sur table, minutieux, concentré. La plupart d’entre eux représente des rencontres entre des mondes qui ne s’entendent pas. Des personnages et des animaux, par exemple. Mais pas de ceux que l’on appelle les « animaux de compagnie » : oiseaux peu sympathiques, nuées envahissantes de petites choses indéfinissables, insectes aux tailles démesurées. Quels qu’ils soient, ils sont une menace pour l’homme qui apparaît ici particulièrement vulnérable. D’autant que d’autres maux viennent lui peser sur les épaules. Certains personnages sont enfermés, d’autres trainent des fardeaux, d’autres encore semblent égarés dans des mondes étrangers ; les enfants quant à eux paraissent victimes de leurs jeux.  

Habituée aux formats des dessins, l’artiste ne change pas de méthode avec la peinture. Elle réalise des petits tableaux à la peinture à l’huile sur papier marouflé sur carton. D’où, là encore, une extrême précision et une volonté de susciter le rapprochement du spectateur. Pas d’imposition mais une promesse, une « attraction ». Ici encore, on a affaire aux affres de la « condition humaine ». Mais c’est sur un mode ludique et à travers des dispositifs de vision et de représentation plus complexes. Comme un certain nombre d’artistes de sa génération, Aurore Pallet travaille avec des images collectées sur internet. Elle conçoit ensuite des collages sur Photoshop, organisant des rendez-vous entre des mondes hétérogènes. Si le procédé du collage renvoie à l’esthétique surréaliste, à ses antécédents comme à ses avatars, la conception sur ordinateur est ici tangible, tant dans les choix iconographiques qu’à travers les modes d’assemblage. Car malgré la diversité des scènes (des mises en scène), le monde virtuel est toujours sous-jacent. Les motifs récurrents sont des écrans, des panneaux d’affichage, des décors, des studios de prise de vue... Les procédés utilisés sont la mise en abyme (une image en contient une autre qui en contient une autre, etc.), le glissement d’une image sur une autre (on imagine le déplacement des filtres ou des « blocs » sur l’ordinateur), le trompe-l’œil (ce qu’on prend pour le réel est en fait une représentation - ou vice-versa). Dans la plupart des tableaux, un personnage est en présence d’une ou de plusieurs images. Mais tout semble instable, prêt à disparaître ou à se transformer d’un moment à l’autre. Comme les films de Lynch, que l’artiste connaît bien, cet univers repose fragilement sur l’incertitude, sur des hallucinations, des illusions, des fausses routes; sur des allers-retours permanents entre profondeur et surface.  

 


 

Elisabeth Wetterwald 

  

(Texte réalisé à l'ocasion de l'édition 2010 

du salon de Montrouge)