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ILE FLOTTANTE

23/11 - 02/03/2024 

Pavillon carré de Baudoin 

PRIX DE PEINTURE NOVEMBRE A VITRY, 55ème édition 

18/11 - 20/01/2024 

 

Quand un jeune peintre se hasarde à une première exposition, autrement dit quand il s’expose, il y a toujours du danger dans cette aventure. Le peintre est comme un soldat qui jaillit hors de sa tranchée pour se lancer vers l’ennemi.

À part qu’ici le danger est caché. Il est même inconnu. Il ne vient pas des mitrailleuses et des baïonnettes (encore que les critiques, quelquefois…), mais des regards qui vont se poser sur lui, sur elle.

Et d’abord, y aura-t-il des regards ? Des regards d’aujourd’hui, les seuls, pour le moment, qui importent ? Chaque artiste qui se propose, et qui du même coup s’expose, lance un large appel au regard. À notre regard. Il sait que, sans cet appui, il n’est rien. Il compte sur ce retour, le seul qui peut donner vie et sens à son travail.

Ainsi le peintre, qui travaille seul, est le moins solitaire des artistes. Il a besoin des autres. Il lui faut cette réponse de l’inconnu, de l’invisible, qui va lui révéler, le moment venu, ce qu’il ne savait pas de lui-même.

Aurore Pallet n’a rien à expliquer. Elle fait. Mais elle a besoin de nous pour avoir si quelque part elle a soulevé un écho, trouvé une réponse – même imprécise, même hésitante. La canne blanche indique à l’aveugle l’obstacle qu’il doit éviter. Notre regard apporte au peintre ce qu’il était incapable de voir.

Dans l’immensité incohérente du cosmos, une petite lumière vient d’apparaître. Regardons-la, avec nos yeux. Alors le peintre pourra nous avouer : Dites-moi ce que vous voyez, je vous dirai ce que j’ai fait.

 


Jean-Claude Carrière